Je me souviens à peine de quelques bribes de ces journées d'hiver glaciales, avec la neige que l'on ne voit plus qu'aujourd'hui.
C'était mes premières vacances d'écolier, dans le village de mon enfance, chez mes grands-parents. Je n'étais qu'un enfant qui commençait sa vie à pas timides, sans savoir que bientôt la grande tempête du changement allait s'abattre sur tout le pays.
Une vieille radio placée sur l'un des murs de notre ancienne chambre, où nous étions assis près du poêle, nous informait des combats de rue qui se déroulaient dans tout le pays. Tout ce dont je me souviens, c'est d'un gros bonhomme de neige que j'avais fait dans la cour avec des yeux en charbon de bois, un nez en morocov et le vieux magasin du village de la coopérative.
Une vieille maison avec un rez-de-chaussée élevé et de vieux comptoirs en bois ternis par le temps et la poussière, qui me semblait être un paradis d'un autre monde. C'est la première année où j'ai vu et mangé des oranges et du chocolat, que je gardais sur notre vieille commode, et pour moi ils valaient leur pesant d'or. Ces odeurs sont restées gravées dans ma mémoire et sont maintenant transposées dans un voyage olfactif sans pareil.